Campagne électorale de la présidentielle 2016 : Les esprits s’échauffent

31 mars 2016 9 h 32 min0 commentsViews: 265

La campagne électorale de la présidentielle d’avril 2016 se poursuit à un rythme soutenu dans la capitale et les régions de l’intérieur. Les six candidats en lice fourbissent les armes et mobilisent leurs partisans et sympathisants en vue de remporter cette échéance électorale, cruciale pour l’avenir du pays. Tour d’horizon de cette campagne électorale qui vient pimenter le quotidien des djiboutiens.

Jamais une élection présidentielle n’amobilisé autant de candidats. Ils sont six à solliciter le suffrage de leurs concitoyens. Jusqu’à là le record était détenu par l’élection présidentielle de 1993 qui avait opposé 5 candidats. Après les élections législatives de 2013 qui avaient débouché sur une crise post- électorale, Djibouti vit de nouveau une échéance électorale qui est importante à plus d’un titre. Le président Ismaïl Omar Guelleh, qui dirige le pays depuis mai 1999, est candidat a sa propre succession.

… L’UMP en ordre de bataille.

Du côté de l’UMP, la mobilisation et forte, très forte même. On ne lésine pas sur les moyens. Rencontre après rencontre, le staff de la campagne électorale distribue des teeshirts, chapeau, et autres accessoires à l’effigie du candidat Ismaïl Omar Guelleh. Les communicants du président sortant savent tirer parti de l’utilisation des grands supports publicitaires. Lesquels sont couverts de posters du leader charismatique de l’UMP et des clichés retraçant les réalisations qu’il a impulsé. Les foules se déchaînent au fil desmeetings et des rencontres thématiques, organisées par le rouleau compresseur qu’est l’UMP.

Bilan de ses réalisations à l’appui, IOG comme l’appelle affectueusement le peuple retrouve ses accents de tribun pour convaincre les électeurs à voter en sa faveur. Homme d’action et de réflexion, il veut fédérer de larges franges de l’opinion publique djiboutienne autour de son projet de société plus apaisée, éduquée, entrepreneuriale, juste, solidaire, et tolérante. Il veut également rassembler le plus grand nombre d’électeurs autour des valeurs de l’UMP : le civisme, la cohésion sociale, la concorde civile, l’égalité des chances, la paix, et l’unité pour ne citer que celles-là. De telles ambitions citoyennes galvanisent les foules ici et là. Nombreux sont les militants et sympathisants de l’UMP qui anticipent une victoire écrasante de leur champion, IOG, le 8 avril prochain. Même s’ils se disent conscients de la rude bataille qu’ils vont livrer

face aux camps adverses. Ils n’ont de cesse de dénoncer les propos déplacés et balivernes de certains concurrents qui versent dans le dénigrement, les diffamations, et les attaques personnelles faute de programme. « A l’UMP, on prône la culture du respect. On défend un programme et le bilan du président Ismaïl Omar Guelleh qui veut faire de Djibouti un pays émergent », répètent-ils en choeur aux micros des professionnels des médias nationaux.

…Des concurrents qui tirent à boulets rouges sur le pouvoir en place.

Les cinq candidats, qui sont opposés au président sortant, mobilisent eux aussi leurs partisans. Hormis Mohamed Moussa Ali alias Tourtour qui effectue seulement des interventions télévisées, Djama Abdourahman Djama, Hassan Idriss Ahmed, Mohamed Daoud Chehem, et Omar Elmi Khaireh  mènent respectivement leur campagne au pas de charge. Tous dénoncent le délitement de l’Etat, la paupérisation de la population, la corruption, l’accaparement des richesses nationales par les élites du pays. Aussi, ils pointent du doigt les défaillances de notre système éducatif qui fabriquent des illettrés, le système de santé qui marginalise les pauvres et les populations nécessiteuses, l’inexistence d’un Etat de droit et les violations constantes des libertés publiques.

La jeunesse se trouve aussi au centre des préoccupations des candidats indépendants et ceux de la coalition de l’opposition. Tel Hassan Idriss qui axe ses interventions sur une jeunesse libérée des fléaux comme le khat, les drogues et le chômage qui hypothèquent son avenir. Les autres dénonciations qui reviennent comme une antienne sont la « non séparation des trois pouvoirs, une Assemblée nationale et une justice inféodés au pouvoir actuel, l’inertie du gouvernement face à une population qui souffre de tout et manque de tout, les services sociaux de base qui sont quasi inexistants, bref une République qui est à genoux du fait de la mal gouvernance et de la gabegie ».

Si le ton est toujours grave et alarmiste chez les adversaires du président Guelleh, il n’en demeure pas moins que certains reconnaissent à mots couverts les avancées enregistrées sur tous les plans ces dernières années. « Bien sûr tout n’est pas noir, notre économie se porte mieux, mais notre pays peut beaucoup faire mieux si une gestion saine des deniers publics est entreprise », argumente Yonis un militant de longue date de l’opposition.

En veine de confidences, Samatar, un cadre de l’administration publique, déplore la faible couverture accordée par l’audiovisuel au déroulement de la campagne électorale de la présidentielle 2016. « Des extraits éclairs sont diffusés et on ne suit pas bien les meetings des différents candidats sur le petit écran », s’emporte t-il.

En tout cas, durant une semaine encore, Djibouti vivra au rythme de la campagne électorale qui mobilise beaucoup de gens. Certes, les esprits s’échauffent en cette période sensible. Mais on ne déplore pas d’échauffourées entre les partisans des candidats en lice. Notre souhait est que les débats d’idées puissent primer sur les passions partisanes. Et que le peuple souverain puisent départager les prétendants à la magistrature suprême le 8 avril prochain dans le calme et la sérénité.

KENEDID IBRAHIM 

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