COP 21 : En aparté avec… Serge Mucetti Ambassadeur de France à Djibouti

29 novembre 2015 8 h 54 min0 commentsViews: 15

Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France accueille la Conférence Paris Climat, également appelée COP 21, rendez-vous majeur qui a comme objectifs : l’adoption d’un accord universel contraignant qui limiterait le réchauffement climatique à 2°C et la prise en compte du défi climatique comme une opportunité de créations d’emplois et de richesses, d’invention de nouveaux modes de production et de consommation. À Djibouti, la COP 21 donne lieu à un programme riche qui associe, entre autres, l’Ambassade de France, le lycée Joseph Kessel, l’Université de Djibouti et nombreux partenaires privés, pour des conférences-débats, visites, exposés, films, exposition. Un parcours climatique permettra au grand public de visiter des sites permettant d’observer les effets du dérèglement climatique et de découvrir les moyens d’agir individuellement et collectivement de façon écoresponsable. Ces manifestations sont accessibles gratuitement, sur inscription sur le site de l’ambassade et dans la limite des places disponibles. A l’occasion du lancement de ce parcours climatique, M. Serge Mucetti, Ambassadeur de France à Djibouti, nous accorde un entretien exceptionnel.

 » Ce qui est en jeu, ce n’est pas simplement la qualité de la vie, non, c’est la vie ».

Dans quelques jours s’ouvrira la COP21. On en a beaucoup parlé. Mais qu’est-ce au juste ?

C’est une conférence internationale sous l’égide des Nations Unies, la 21ème sur les changements climatiques, aussi appelée « COP 21 » ou « Paris Climat 2015 ». Son enjeu est à la fois simple et ambitieux : adopter un accord universel contraignant qui limiterait le réchauffement climatique à 2°C + engager un mouvement vers une économie verte, durable et solidaire.

On entend dire beaucoup de choses sur les dérèglements ou changements climatiques. Qu’en est-il exactement ?

Dérèglements, changements peu importent les mots, ce qui compte c’est ce qui va se passer concrètement. Grâce aux campagnes d’information menées à Djibouti, dans vos colonnes d’ailleurs, et dans le monde entier, chacun a maintenant une vision des impacts directs des changements climatiques sur l’environnement. Ils sont effrayants et peuvent paraître lointains. Pourtant, ils vont profondément modifier la vie de millions de personnes. Des habitats seront détruits par la montée du niveau des mers, les périodes et les zones de pêche seront perturbées, les calamités, ici la désertification, là des inondations, modifieront les zones de culture, privant certaines populations de leurs ressources vivrières. Il s’en suivra des exodes, des migrations, des tensions entre Etats…  Voilà la réalité des années à venir si rien n’est fait.

Où en sont les négociations ?

Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques des négociations en cours. Un simple engagement moral ne suffira pas. Il faut parvenir à une règle universelle et contraignante. Sinon, les Etats pourront s’en dégager estimant être moins concernés que d’autres et la réaction en chaîne sera catastrophique. L’égoïsme triomphera peut-être mais c’est collectivement que nous en vivrons les conséquences. Mais je veux croire au sens des responsabilités de chacun. Comme l’a dit Nicolas Hulot : « À la COP21, les Etats auront un droit de vie ou de mort ». Cela peut paraître monstrueux mais c’est vrai : si rien n’est fait, des habitats, des côtes, des pays disparaîtront à cause de l’élévation du niveau de la mer. Djibouti aussi est concerné.

Mais alors, cette conférence dépasse-t-elle la question du dérèglement climatique ?

Tout à fait. Il faut bien comprendre que le changement climatique nous obligera à revoir notre définition du développement. Il faudra lui ajouter la portée climatique, qui conditionnera la pérennité du développement. Jamais l’expression « développement durable » n’aura été aussi chargée de sens. Il nous faut revoir tous nos paradigmes. Notre vie va être profondément modifiée, ainsi que celles de nos enfants et petits-enfants. Tout va changer. Nos projets d’investissements devront être examinés au regard de leur impact sur le climat. Il ne s’agit pas seulement de conditions d’éligibilité à des financements spécifiques comme le Fonds vert. Chaque projet devra faire l’objet d’une solide étude d’impact sur le climat, par exemple, la construction d’une route littorale, d’un port, d’une unité de production d’énergie non renouvelable… Il faudra parfois y renoncer. La responsabilité des décideurs politiques et économiques sera considérablement accrue.

Nous n’avons pas de planète de rechange ne l’oublions pas. Comme l’a dit le président Hollande :  » Ce qui est en jeu, ce n’est pas simplement la qualité de la vie, (…) non, c’est la vie « .

 

 

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