Balbala : Parole de tailleur de pierres !

19 novembre 2015 11 h 36 min0 commentsViews: 71

La taille de pierres est un « business social ». Car elle relègue au second plan la logique prédatrice du profit. Son véritable moteur tient au partage équitable des gains entre les acteurs à tous les niveaux du secteur. C’est du moins l’une des leçons tirées de notre immersion de mardi dernier dans les locaux de la coopérative Hormar, sis à Balbala.

Le besoin de tâter le pouls des tailleurs de pierre nous conduit en début d’après midi de mardi dernier jusqu’au  siège de la coopérative Hormar, sis au quartier Hilac de Balbala. Le conseiller technique du ministère des finances, Mohamed Saïd Dawaleh, nous introduit auprès des membres de ce groupement professionnel. Leur accueil est cordial.

A peine assis, l’un des députés de Balbala fait irruption sur les lieux. Citons en l’occurrence Ali Soubaneh Ateye. Le président de la commission permanente de l’administration et la législation de l’Assemblée nationale échange des accolades amicales avec les occupants des locaux. Ces marques de confiance en disent long sur l’intérêt particulier que le parlementaire accorde au devenir des tailleurs de pierres de Balbala. Il est visiblement enchanté de voir des professionnels de la presse écrite  s’intéresser au quotidien de ses électeurs. La réaction du législateur a pour effet de délier la langue du président de la coopérative Hormar, Mohamed Osman Allaleh.

D’un geste prompt, l’homme sort d’un sac en plastique une pierre taillée. De l’or gris, dit-il, dans lequel ses mandataires et lui-même ont investi les économies d’une vie. Il impute le premier déclic au pouvoir de persuasion du président de la République lors de sa venue un matin de novembre 2013 sur la carrière de taille des pierres, située derrière la colline de Hodan. Il se remémore à haute voix de la teneur de leur entretien d’alors. Résonnent encore dans ses oreilles les propos du chef de l’Etat qui placent la barre très haute en termes d’employabilité  journalière et de productivité manuelle des tailleurs de pierres. Les objectifs présidentiels visent la création de 10.000 emplois et la production de 10 millions de pierres taillées.

Avec le recul, Mohamed Osman Allaleh est fier des réalisations de la coopérative Hormar. Il avance un volume de 9 millions de pierres taillées par 3.600 stakhanovistes nationaux au seul mois de septembre 2014. Il nous présente l’un d’eux, âgé d’une vingtaine d’années. Celui-ci se nomme Moumin Djama Waberi.

Le jeune homme révèle sa qualité d’étudiant en 3ème année de la filière de mathématiques-informatique de l’Université de Djibouti. Le premier effet de surprise passé, notre interlocuteur  évoque son goût des défis. Ce trait de caractère laisse deviner son adaptation au travail endurant de tailleur de pierres sous la canicule  de l’été 2014. Son record personnel de production est de 1.500 unités en juillet de l’année écoulée. Il devient ensuite pointeur.

Les rémunérations reçues de son employeur lui procurent une autonomie financière. Il économise 20.000 de nos francs. La somme sert au règlement de ses frais d’inscription lors de la rentrée universitaire. On ôte les mots de la bouche de Moumin Djama Waberi.

La confidence relance notre conversation autour de l’approche inclusive de la taille de pierres. Le président de la coopérative Hormar s’en mêle. Il qualifie l’activité de « business social ». Car elle relègue au second plan la logique prédatrice du profit. Son véritable moteur tient au partage équitable des gains entre les acteurs à tous les niveaux du secteur. N’empêche que les périodes de restrictions financières sont propices au troc des pierres taillées.

Les protagonistes en sont des ouvriers désargentés et leurs habituelles créancières, des vendeuses de khat et des gargotières. Celles-ci prennent généralement contact avec les dirigeants d’Hormar. Après moult conciliabules,  les marchandises de troc en leur possession finissent par atterrir au dépôt de la coopérative. Lequel regorge au passage de 2 millions de pierres taillées.

Dans l’immédiat, les deux parties s’accommodent bien de leur arrangement tacite. Sans doute croient-elles au retour de l’embellie de 2014. A raison selon Mohamed Osman Allaleh qui table sur les énormes besoins en pierres taillées des futurs chantiers de pavage des rues et ruelles de la capitale et de sa banlieue. Le pari en vaut la peine, poursuit-il, parce que porteur d’espoir de lendemains meilleurs pour des milliers de ménages sans revenu de Balbala. Parole de tailleur de pierres !

MOF

Leave a Reply


 

Trackbacks

Close
Ne ratez plus les mises à jour de la Nation
En cliquant sur l'un de ses liens, vous serez informé en temps réel.