” Djibouti fait son cinéma” : Entretien avec… Houssein Ahmed Assoweh Président de l’Association “Science et Culture”

15 février 2015 10 h 06 min0 commentsViews: 337

Les préparatifs de la deuxième édition du festival « Djibouti fait son cinéma » vont bon train. L’association « Science et Culture », qui en est le promoteur, entend donner à cet événement davantage d’échos que la précédente édition. Et pas seulement sur le plan médiatique. Exceptionnellement chargé, le programme d’activités prévues cette année témoigne du souci de faire de ce festival un espace interactif susceptible d’encourager la détection de jeunes talents. Nous avons interrogé à ce sujet M. Houssein Ahmed Assoweh, président de l’association « Science et Culture ». 

“Maintenir le cap”

La Nation : Comment vous est venue l’idée d’organiser chaque année un festival de cinéma à Djibouti ?

Houssein Ahmed Assoweh : Ayant constaté tout simplement que le secteur du cinéma était peu développé dans notre pays et du fait qu’il n’existait pas de salle de cinéma, à l’exception de celle de l’Institut Français de Djibouti (IFD), nous, dirigeants et membres de l’association « Science et Culture », avons décidé de lancer ce festival.

Cela dit, il convient de reconnaitre que l’IFD organise chaque lundi après-midi des soirées cinématographiques gratuites et ouvertes au public djiboutien.

Comme vous le savez, le cinéma est le meilleur moyen de promouvoir la culture d’un pays ou d’un peuple car une image vaut mieux que milles mots, dit-on.

Par ailleurs, de par notre métier d’enseignants universitaires (c’est le cas pour la plupart des membres de notre association), mais aussi à cause de l’inexistence d’une école de cinéma à Djibouti, nous voudrons également à travers ce festival former des jeunes talents djiboutiens.

Il s’agit pour nous de susciter des vocations ou d’accompagner la promotion des jeunes talents qui, après avoir été formés dans les différents métiers du cinéma, seront à même de développer demain ce secteur et de produire des films reflétant bien la culture et le vécu de notre pays.

Ainsi, nous avons mis l’accent en amont de notre seconde édition sur la formation cinématographique en organisant plusieurs ateliers de formation en faveur des jeunes étudiants universitaires et des passionnés du 7ème art.

Votre initiative est née d’un besoin, celui de combler le vide dans le domaine cinématographique à Djibouti.  Avez-vous ressenti votre projet ainsi ? Et pourquoi ?

Exactement, comme je viens de le souligner, il existe un grand besoin dans ce domaine dans notre pays.

De ce fait, et en tant que citoyens et acteurs de la société civile, nous avons décidé de combler ce vide selon nos propres moyens et surtout à travers des initiatives et des idées créatives.

Lorsque vous mettez en œuvre  un projet de cette nature, qui plus est relève d’un domaine peu exploré, ce n’est pas facile d’avoir au début le soutien nécessaire.

N’empêche qu’avec un peu de volonté et grâce à l’abnégation et à la créativité des jeunes membres de notre association, nous espérons relever ce défi et préparez le terrain pour le cinéma djiboutien de demain avec les autorités concernées et la société civile. C’est avec le concours de tous que l’on pourra aller de l’avant.

Le festival dont votre association est le principal promoteur a pour nom « Djibouti fait son cinéma ».  Qu’entendez-vous par cette appellation ?

L’année dernière, nous avons projeté 3 à 4 films réalisés par des Djiboutiens dans le cadre de la programmation de notre festival.

Le but principal de cette première édition était de sensibiliser les djiboutiens sur les richesses de l’univers cinématographique et de s’intéresser davantage à ce secteur.

Vu le nombre important (environ 2500) des personnes quoi ont assistés à toute nos projections cinématographiques et le taux de fréquentation des soirées-débat organisées par l’IFD qui ne cessent de croitre depuis notre festival, nous pensons avoir atteint notre premier objectif qui était de créer un espace d’échanges autour du monde du cinéma.

Si je reviens à votre question, comme vous pouvez bien le comprendre, nous entendons par « Djibouti fait son cinéma» la détection des jeunes talents djiboutiens dans le domaine de l’écriture des scénarios, de l’actuariat et du tournage et du montage de films dont la production est liée à notre festival.

Par ailleurs, « Djibouti fait son cinéma » a franchi un premier pas, puisque nous venons de finaliser la réalisation de 3 courts-métrages djiboutiens réalisés par des jeunes Djiboutiens et qui seront diffusés en ouverture durant la seconde édition de notre festival.

Pour terminer, nous avons l’ambition de refaire le cinéma djiboutien de demain à travers ce festival et nous sommes conscients de l’immensité de la tâche qui nous attend dans ce domaine.

En décidant d’organiser en février 2014 la première édition de ce festival, aviez-vous la moindre idée des difficultés sur le terrain?

Evidemment, comme tout projet innovant et créatif, les difficultés sont nombreuses. Toutefois, nous avons pu surmonter toutes les difficultés à la fois logistique, financière et technique grâce au soutien et l’appui dans un premier temps du directeur délégué de l’Institut Français de Djibouti, M. Dominique Maillochon, qui a cru en notre projet qui nous a fait confiance dés le début.

Ainsi, son soutien nous a permis de recevoir une dizaine de films de l’Institut Français de Paris (cinémathèque Afrique) qui nous a accordé le droit de les diffuser.

On ne peut omettre de mentionner aussi le concours de la responsable du programme cinéma à l’Organisation Internationale de la Francophonie, Mme Souad Houssein Meraneh, qui nous a accompagné et soutenu financièrement durant cette première édition.

Enfin, nous avons pu organiser des tables rondes et des projections dans les différentes régions de l’intérieur grâce au soutien de M. Aden Hassan Aden, ministre des Affaires musulmanes , de la Culture et des Biens Waqfs, de son secrétaire  général, M. Mohamed Houssein Doualeh,  et enfin du directeur de la Culture, M. Osman Bouh Odowa.

Quelles sont les leçons que vous avez pu tirer de cette première édition ?

Tout d’abord, nous sommes fiers du succès et de l’impact positif qu’a eu ce festival dans notre pays et surtout auprès de la jeunesse djiboutienne.

Toutefois, nous pensons qu’ensemble (société civile et pouvoirs publics), nous serons capables de relever tous les défis, en établissant un partenariat solide avec les organisations et ou opérateurs culturels étrangers présents dans notre pays ou à l’extérieur. Nous pouvons travailler de concert et développer ce secteur quasi-inexistant dans notre pays.

Rappelons que faire des films ou organiser un festival de cinéma n’est pas une chose aisée et requiert l’implication et la participation de tous. Cela vaut tant pour sa réussite et que pour sa pérennité.

Quelles les différentes activités prévues dans le cadre de la seconde édition de votre festival qui se tiendra du 1er au 05 mars prochain à Djibouti ?

Avant d’aborder les activités prévues pour cette seconde édition, j’aimerais bien préciser qu’en accord avec nos principaux partenaires, nous avons décidé de donner cette année une nouvelle orientation à notre festival puisque nous allons miser désormais sur la réalisation de courts-métrages francophones signés par de jeunes cinéastes dont nous entendons accompagné l’émergence. Il s’agira de faire de notre festival un espace de production et de diffusion de courts-métrages nationaux et internationaux.

Dans cette deuxième édition de notre festival, la nouveauté réside dans la projection de 3 courts-métrages qui ont été produits et réalisés par de jeunes Djiboutiens à l’issue de différents ateliers de production cinématographique que nous avons organisé nous-mêmes et qui se sont clôturés hier soir.

Outre la projection cinématographique, nous avons prévu d’organiser des master class, des tables rondes et des ateliers de réflexion sur le cinéma djiboutien afin d’examiner les voies et moyens de le développer.

Propos recueillis par Isman O.

Leave a Reply


 

Trackbacks

Close
Ne ratez plus les mises à jour de la Nation
En cliquant sur l'un de ses liens, vous serez informé en temps réel.