L’art de négocier

8 octobre 2014 8 h 50 min0 commentsViews: 63

Comparaison n’est pas raison, dit-on. Mais le fait est que vingt ans après Ab’a, le gouvernement est en train de discuter avec l’opposition les termes d’un accord  devant mettre un terme à un différend politique né des résultats des législatives de 2013. Ce dialogue politique serait-il au point mort ? Le gouvernement affirme avoir fait suffisamment de concessions, l’opposition, elle, fait entendre un autre son de cloche. Mais une chose est sûre : ceux qui ont fait Aba’a pourront trouver une solution au pataquès politique actuel.

Il y a vingt ans, le gouvernement djiboutien signait avec la rébellion armée du FRUD un accord de paix qui mettait un terme à trois années d’affrontements. Les négociations secrètes (sous un arbre du désert du sud-ouest du pays) qui ont abouti à la signature de cet accord avaient été menées, pour le Gouvernement, par l’ancien Premier ministre BGH et l’actuel chef de l’Etat qui était alors chef de cabinet du président Gouled.

Depuis, le bruit et la fureur ont cessé et l’unité nationale, un moment menacée, en est sortie renforcée. Il y a vingt ans, le pays et le peuple avaient envie de tourner la page des affrontements fratricides. IOG et BGH, après des semaines et des mois de nuits blanches, ont réussi à signer la paix des braves avec les rebelles représentés par M. Ougoureh Kifleh.

Vingt ans plus tard, dans un tout autre contexte, le chef de l’Etat, fort de son expérience des hommes, décidait il y a peu, de s’occuper lui-même des discussions avec  les leaders des partis politiques de l’opposition dans le cadre d’un dialogue politique devant mettre un terme à un différend né d’une lecture divergente des résultats du scrutin législatif du 21 février 2013.

Il a pour principal interlocuteur M. Ismaïl Guedi Hared, président de l’UDJ et négociateur en chef des mouvements de l’USN. Où en est-on aujourd’hui ? C’est la question que tout le monde se pose.

Le chef de l’Etat a évoqué la question dans une récente interview accordée à un reporter de la BBC. Le gouvernement a, a-t-il dit, accepté la plupart des revendications des leaders de  l’USN. Il leur a cependant été signifié  que les deux points relatifs à la CENI et au statut de l’opposition devaient d’abord être discutés par l’Assemblée nationale. L’accord-cadre était, semble-t-il, sur le point d’être signé. Mais on sent que les choses n’avancent plus, tout d’un coup.

M. Guedi Hared et certains de ses amis politiques n’auraient-ils pas la même appréciation de la situation ? Le bruit court que certains membres de la coalition, préférant le bras-de-fer au dialogue et au débat démocratique, seraient favorables à un retour à la case départ, ce qui serait quand même fâcheux. Samedi dernier, devant le siège du parti de M. Guedi Hared, de nombreux orateurs se sont succédé au micro devant un groupe de partisans.

A les entendre, ils seraient tous favorables à la signature d’un accord avec le Gouvernement pour mettre un terme à près de deux années de remous. Le gouvernement estime avoir fait suffisamment de concessions.

L’opposition, elle, fait entendre un autre son de cloche. Allez savoir quand et comment cette affaire prendra fin… Mais une chose est sûre : ceux qui, à l’ombre clairsemée d’un acacia, ont su  mettre un terme à une guerre fratricide de trois ans, sauront dénouer le pataquès politique actuel.

ABS

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